mardi 10 septembre 2013

La diplomatie en dentelles, ou l’incroyable carnage

Ah, comme il fut beau, le temps de la Guerre en Dentelles.

La guerre faisait, somme toutes, peu de morts. Les belligérants avaient du respect les uns pour les autres. On pratiquait la guerre, comme on pratiquait la chasse.
C’était à un sport, tout juste un passe-temps.
Il convenait de bien s’habiller – d’où le nom -, de paraître surtout, pour ensuite se faire bien voir de ses dames.
Ce qui importait avant tout, pour commander un régiment, c’était la naissance. Une haute lignée vous plaçait d’emblée à un haut commandement… et inversement.
La compétence était subsidiaire. Le panache était primordial.
Bien sûr quand la guerre moderne apparue, les derniers soldats de la Guerre en Dentelles disparurent rapidement, fauchés dans leur joli pantalon rouge par les mitrailleuses allemande ou avalés par quelques obus à la provenance douteuse.
Le temps était passé de la guerre de panache sans enjeux autre que le paraître. Dès la fin du XVIIIem siècle, la guerre était devenue affaire de professionnels. Le rapport de force, la puissance de feu,  l’intelligence du commandement remplaçaient désormais la noblesse de la naissance.
Napoléon qui le compris, fit des ravages avec ses jeunes généraux nommés uniquement en raison de leur capacité.
L’armée en dentelle ne fait pas le poids, face à un commandement moderne. Elle est…ridiculisée.



La diplomatie de ce début du XXIem siècle est devenue elle aussi affaire de spécialistes, de grands professionnels.
Être diplomate aujourd’hui, c’est un métier. Encore plus quand vous tenez les rênes d’une vraie puissance, fut-elle régionale comme la France.
La diplomatie de ce début du XXIem siècle supporte mal l’à peu près et l’improvisation.

La Fédération de Russie et son nouveau maître l’ont bien compris. Leur premier diplomate, M. Lavrov a géré la présente crise en stratège.

Il a géré la force.
La Russie a amené petit à petit, par subtils dosage sa marine en Méditerranée, presque sans en avoir l’air ; en n’oubliant jamais, là est l’art du diplomate, de joindre à l’acte de force, moulte paroles rassurantes.
La Russie a continué d’armer la Syrie, tout en démontrant… qu’elle n’allait pas jusqu’au bout. Elle interrompait un moment ses livraisons de S300 à Damas pour dire… qu’il lui restait encore de la réserve.
Aux échecs, on le sait, la menace est plus grave que l’acte. M. Lavrov est sûrement un très bon joueur d’échecs.

Il a géré le temps.
Le coup de maître consistant à proposer de retirer les armes chimiques de Syrie était prêt depuis bien longtemps. Mais voilà : joué trop tôt, quand Obama était décidé à partir coûte que coûte en guerre, c'eut été inutile. Sans pression autre que celle de la Russie, Obama n’écoutait pas. Joué trop tard, par exemple après que le Congrès eut dit « non » à la guerre, ce coup devenait inutile. Il y avait un bon moment pour le placer, le moment où l’Amérique hésitait, lâché par le Royaume Unis et dans l’incertitude face à la décision de ses assemblées. C'est ce moment qu'a choisi Lavrov.

Il a géré la constance.
La position de la Russie n’a jamais varié d’un iota. Son soutien à la Syrie a toujours été indéfectible. Même lorsque V. Poutine a dit que la Russie pourrait approuver l’Occident si la responsabilité de la Syrie était démontré dans l'attaque chimique, il l’a dit seulement au bouts de quelques jours quand il était sûr que Bachar El Assad n’était pas en cause dans le bombardement, il ne prenait aucun risque pour sa position mais déstabilisait un adversaire hésitant.

M. Lavrov est diplomate, aux affaires étrangères russe depuis 21 ans. C’est son métier, il le connaît à fond.
L’action de la diplomatie russe dans cette crise, fut sur le champ de bataille de la diplomatie mondiale un bombardement d’artillerie en règle avec les manœuvres parfaitement ajustées qui les accompagnent.

Pour y résister, il fallait une puissance de feu égale, en capacité de s’informer et de désinformer l’adversaire et un commandement excellent.
Avec une puissance de feu considérablement supérieur (présence dans les medias du monde entier), et un commandement moyen, ni bon ni mauvais, l’Amérique a évidemment supporté le choc et peu aisément faire passer cette défaite en rase campagne pour une partie, presque nulle.

Pour la France, au contraire qui a une puissance de feu égal, il eût fallu, un excellent commandement pour tenir tête. Làs…

Dans cet affrontement, la France n’a pas géré la force. Compte tenu des faibles effectifs qui sont les nôtres, pour être crédible, il fallait mettre « le paquet » tout de suite, sans attendre, voire, mais c’eût du grand art, « à la Poutine » provoquer nous-mêmes un incident pour déclencher le conflit. Évidemment, il n’en a rien été.
La force militaire a été déployé avec la vitesse d’un fonctionnaire aux 35 heures.
La bataille médiatique a été menée de façon éparpillée, sans faire l’unanimité dans la classe politique et en faisant dans la population la quasi-unanimité contre elle.
Il manquait évidemment au stratège en dentelle, un plan !
Du côté russe, c’était facile. Le plan ? Maintenir Bachar en place. Tout était clair.
Côté français, que veut-on ? Renverser Bachar ? Mettre en place une démocratie ? Seulement punir ? Un peu léger, vous ne trouvez pas ?

La France n’a pas géré le facteur temps. Elle savait que le Royaume Uni ne pouvait pas s’engager sans vote. Elle savait que les fantômes de la guerre d’Iraq planent encore, donc qu’il y a avait un risque et qu’elle pouvait se retrouver seule avec les Etats-Unis, totalement à leur merci.
Elle se devait d’être aussi prudente dans l'affichage de ses intentions que hardie dans l'avancée de ses forces militaires et médiatiques.
Elle a juste fait... le contraire !
M. Fabius mené une guerre diplomatique en dentelles, comme si seul comptait le panache. Sa diplomatie elle est tombée…sous le feu des mitrailleuses russes.

Évidemment seulement préoccupé du panache M. Fabius n’a pas géré la constance, un coup en guerre immédiatement, un coup devant l’ONU et un coup de suivisme avec la Russie, avant de s'y opposer de nouveau !
Et pour finir, alors que tout le monde se met d’accord, une résolution ONU qui divise quand il faut rassembler.

Du grand n'importe quoi !

La diplomatie en dentelle menée par un chef, M. Fabius, qui n’occupe cette place que parce qu’il chef de clan, petit roitelet du PS, sans métier,  sans pratique approfondie du sujet, pne pouvait mener qu'à la catastrophe.
Voici la Diplomatie Française, sinon la France elle-même ridiculisée pour avoir eu, cette fois, n’ont pas une, mais au moins deux ou trois, guerres de retard.

Ce qu'il nous aurait fallu, ce qu'il nous faudra pour la prochaine crise, ce sera :

  • Un objectif clair et précis : est-ce qu'on renverse un gouvernement, pour quoi faire exactement ?
  • Un diplomate, un vrai, un comme Védrine, pas un cheffaillon de guerre du PS.
  • Des moyens militaires, au moins deux portes avions. Une armée capable de se mouvoir sans demander l'autorisation des Américains.
  • Une forte capacité à peser sur l'information, de bons services secrets.
Et surtout... un président crédible qui ne s'engage devant le monde que sur ce qu'il peut réaliser.

Oui, cela est difficile, cela coûte cher, mais c'est le prix à payer, si la France veut être une puissance et se comporter comme telle.





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